• La couleur est une puissance qui influe directement sur l'âme. – Wassily Kandinsky

    Un jour, je devrais pouvoir improviser librement sur le piano de couleurs : la rangée d'aquarelles dans ma boîte de peinture. – Paul Klee


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  • Dessins de Victor Hugo

    Pour en voir plein, c'est ici.


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  • Cyanotypes sur terre papier par Deirdre Hawthorne, sur son site.

     

    Cyanotypes (sunprints) sur porcelaine:

    Deirdre Hawthorne Sunprints

     

     

    Grande Camomille double en hiver - 10cm

    Pâquerettes un jour de vent - 7cm

    Deirdre Hawthorne Sunprints

    Honnêteté, derrière le mur, Lissara - 14cm


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  • Réponses à vingt-quatre questions de Valère Novarina (source)

     
    Version publiée en tête du n° 1 de l’édition française de Flash Art, automne 1983 

    extraits 

    V.N. : Savez-vous peindre ?
    J.D. : ….. Observez qu’il y a une façon de bien peindre, tandis que de mal peindre il y en a mille. Ce sont celles-ci dont je suis curieux, dont j’attends du neuf, des révélations. Toutes les façons de mal peindre m’intéressent, m’apparaissent génératrices de positions de pensées nouvelles.

     

    V.N. : Détruisez-vous ?
    J.D. : …. J’aime à ce que mon travail prenne allure d’un chantier, j’aime à vivre au milieu d’un fouillis d’œuvres commencées, d’éléments préparatoires, jusqu’à encombrer mes locaux (et ma pensée) au point de m’en sentir un beau jour alarmé. Et alors tout interrompre, tout débarrasser et vider les lieux. Ma vie est ponctuée de ces périodiques liquidations. Je les ressens il est vrai comme un peu dramatiques – suicidaires peut-être – mais j’ai bon plaisir à me sentir après cela de nouveau pleinement disponible.

     

    V.N. : Portez-vous un jugement sur vos travaux ?
    J.D. : ….. Il arrive – très souvent – qu’un ouvrage, qui m’a contenté quand je venais de le faire, m’apparaît muet le lendemain, je m’abstiens d’en déduire que c’est imputable à l’ouvrage. J’ai depuis longtemps révoqué tout critère esthétique, je suis parfaitement sûr que le critère sera valablement où je voudrai le placer et que l’esthétique peut être indéfiniment renouvelée au plus grand profit de l’éveil de la pensée. Celle-ci a besoin pour se mettre en mouvement, de se voir dépaysée. De toute œuvre j’attends qu’elle me surprenne fortement, qu’elle violente mes positions habituelles de jugement, m’en propose d’autres imprévues.

     

    V.N. : Aimez-vous les œuvres des autres ?
    J.D. : Non, pas vraiment, même quand il advient qu’elles m’inspirent de l’émerveillement… On ne peut pas reprocher à qui s’adonne lui-même à des productions d’art de n’être jamais pleinement content de celles que font les autres. C’est dans la logique. S’il persiste à s’y adonner c’est justement que celles des autres ne lui donnent pas satisfaction. Je veux dire à ma décharge que je ne suis jamais pleinement content des miennes non plus. C’est celles qui ne sont pas faites, qui demeurent à faire, qui brillent de tout leur éclat. J’ai fini par constater qu’il est dans ma nature que le simple motif qu’elle est faite ôte à toute œuvre qui soit, à mes yeux, sa vertu d’enchantement – celle-ci demeurant l’exclusif apanage des œuvres non encore faites. Il se peut qu’en donnant à l’œuvre existence on en perde le meilleur. Elle devient alors le papillon épinglé, qui a cessé de voler, qui a cessé somme toute d’être papillon. C’est sans doute ce sentiment que mes propres ouvrages me donnent plus de satisfaction quand ils ne sont pas terminés. J’aime à ce qu’ils aient une allure d’ouvrage interrompu, inachevé. C’est la condition pour qu’ils me semblent vivants, qu’ils conservent, une fois faits, encore quelque chose du miroitement des œuvres pas encore faites. Et puis j’aime aussi qu’un ouvrage soit tel qu’il suggère fortement des développements qui pourraient lui être donnés, qu’il évoque tout un développement d’autres ouvrages qui pourraient être faits dans la suite de ce qu’il est. Je ressens le besoin qu’un ouvrage se présente d’une telle façon qu’il incite à le regarder non pas tant pour ce qu’il est que pour tout le développement d’autres ouvrages dont il pourrait constituer le germe et qui ne sont pas encore faits.

     

    V.N. : Entendez-vous les langues incompréhensibles ?
    J.D. : ….. Tant que notre pensée s’exerce en fonction des mots du vocabulaire elle est inopérante ; c’est seulement aux moments (ils sont rares et furtifs) où elle parvient à se décrocher des mots qu’elle reprend vraie présence….

     

    V.N. : Que vaut la peinture ?
    J.D. : Quand son auteur l’a faite à son propre usage, sans la moindre intention qu’elle puisse avoir aucune valeur, alors sa valeur est grande. Elle devient nulle si l’auteur au contraire a tant soit peu mêlé à l’opération mentale dont elle résulte le souci de produire une œuvre qui puisse avoir ensuite, au regard social, une quelconque valeur. Sa valeur est en proportion immédiatement inverse avec le degré de présence d’une notion de valeur dans l’esprit de son auteur.

     

    V.N. : La peinture est-elle une aventure de l’esprit ?
    J.D. : ….. J’attends d’une peinture qu’elle apporte proposition d’un statut inconnu pour l’acte de peindre, et qui fasse table rase de tous les critères sur lesquels se sont jusqu’à présent fondées nos notions esthétiques. Je dis bien tous. Tout se tient étroitement et une fois déplacés les jalons de l’esthétique sautent avec eux tous les repères de l’ensemble de la pensée ; la voici libérée, voici que s’ouvrent à elle tous les champs offerts à son invention. Peu m’importe à ce moment que les moyens mis en œuvre soient sommaires ou maladroits. C’est en quoi je demande à une peinture à la fois beaucoup moins et beaucoup plus que ce que la plupart en attendent.

     

    V.N. : Avez-vous peint la mer ?
    J.D. : J’y ai maintes fois songé mais à mon regret toujours différé de l’entreprendre. Une des planches des « Phénomènes » a pour titre « La mer » mais, trop seulement descriptive, elle l’évoque pauvrement. Il faudrait en traiter de manière bien plus associative, plus mentale ou, si on veut dire ainsi, plus philosophique, au risque même de s’éloigner beaucoup de son aspect visuel. Ce qu’il faudrait c’est non une seule peinture mais tout un cycle d’images répondant aux multiples stades de tout ce qu’en reçoit et tout ce qu’y projette la pensée – les unes apportant gloses aux autres. Un houleux brassage de gnoses et gloses.

    Personne n’est à l’intérieur de rien,  Jean Dubuffet et Valère Novarina. Préface de Pierre Vilar


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